Ma fille me demande ce matin si avec la fin du monde elle pourra quand même aller jusqu’à seize ans.
Je demande à notre colocataire ce qu’elle en pense, elle compte, huit ans, ce sera dans huit ans, elle ne sait pas, vraiment, ce qui m’étonne c’est notre manque d’enthousiasme à inventer un bien sûr qui éclaire la cuisine au moins le temps du thé.
De la voiture après, avec la petite, on voit un arc en ciel. Elle dit « On ne peut pas le toucher tu sais » « ah oui ? » « Oui. Quand on s’approche il s’éloigne »
Je me demande si c’est pareil pour la fin du monde.
Elle coupe court à mon air vague et rajoute que si on n’a pas de poil dans le nez c’est grave. C’est eux qui fabriquent la morve apparemment.
« Ulysse » qui a toujours le nez coulant, « il en a plein. Ça se voit. Ou alors c’est sa moustache. Ahah. »
Je me dis que si les moulins à parole pouvaient aussi moudre des grains, je ferai plein de gâteaux.
Je termine le poème par cette phrase et le récite à la mioche au portail.
« c’est joli elle dit », « je ne me suis pas ennuyée ».
Il y a deux arcs en ciel à présent dans les nuages, je ne sais pas pourquoi. Je vais pour lui demander mais quand je me retourne le gros cartable trottine loin déjà derrière elle dans le couloir.
Dans la voiture il pleut. La France est en grève.
A la radio les speakers ne peuvent pas assurer l’intégralité du programme.
Demain parait toujours plus loin maintenant.
Sur la route la lumière du soleil se reflète fort, je ne vois plus rien.