Des fois à l’endroit qu’on appelle le cœur

On peut aller

Ça peut être le matin

Le soir c’est lui qui vient

Pour les filles avec la fin du ventre c’est peut-être plus facile

A un moment il faut rentrer, c’est l’heure

Sous mes paupières, ce matin, je fais venir mon père

Je l’appelle

Il descend le chemin, il n’a pas d’inquiétudes

Il remue des pensées qui l’aident à déchiffrer sa vie

Autour de nous il y a des chênes verts et du genévrier, les feuilles mortes font un tapis.

Je lui dis des choses qu’il comprend

Je cherche des mots d’enfant

Nous écoutons le vent, mon père est calme

Il m’offre un arbre que je peux serrer et au pied duquel

« Tu pourras toujours t’assoir ».

Il dit aussi que je dois grandir.

Je lui donne à mon tour un cadeau c’est une fleur blanche.

Un magnolia peut-être : fleur de naissance

Ou une orchidée : fleur complexe.

Il la pose devant lui avec les autres.

Ce sont ses enfants qui poussent dans la terre fraîche.

Sur la terrasse à midi je pleure pour les arroser

Je dois grandir je pense

La rosée a fait plein de grosses gouttes rondes sur la table en plastique.

Deux pigeons costauds descendent en dodelinant les tuiles du toit.

Il y a des fleurs.

Les semis de coquelicots et de tournesols vont bientôt sortir et nous serons contentes avec l’enfant.

C’est le printemps.

Il y a un peu de vent. Le ciel est très bleu.

Amandine Monin