Je m’assoie. Je suis assise. J’envisage de ne pas ressasser.

 

Si j’avais su plus de noms d’arbres j’aurai pu parler de celui dont le feuillage léger balaye le tronc d’ombres.

 

20 minutes et douze ratures pour écrire cette phrase.

 

Une construction artistique et métallique assez conséquente a été soudée à une plateforme sur la pelouse dans laquelle je n’ai pas su si j’avais le droit de m’assoir.

On ne pourrait pas associer l’œuvre à une forme connue, de là où je suis? je perçois de face un premier cylindre. Sur un lourd cône pointu encastré au centre, se ratatine une lumière mâte.

Si j’étais assise sur le banc face au mien, je verrais le versant symétrique de la construction (agressive près de l’arbre en fleur) celui là même dont je ne connais pas le nom et qui est monté comme un rosier, avec ses bigourdines au bout des bois, il me fait penser à l’esprit de quelque chose qui n’aurait plus toute sa tête. La domesticité maniaque peut-être, à l’œuvre dans les parcs.

Sur la stèle au bas de la construction est gravé « à la mémoire des équipages pionniers de la ligne aérienne France-Amérique du Sud. »

Maintenant j’ai un peu froid.

J’aurai aimé avoir entretenu une complicité avec certains êtres vivants, comme les écureuils ou les très petits oiseaux, j’aurai pu me dire, à cet instant de solitude intense « je suis celle que les oiseaux aiment » mais je n’ai entretenu aucune relation avec personne et je suis celle qui va rentrer parce que la police des jardins ferme les grilles.

Amandine Monin