J’ai rêvé de procédure intime. La metteure en scène de mon cerveau, d’apparence identique à la vraie, me disait d’enrayer mon débit par une case noire comme dans les mots croisés.
Dans le monde diurne, la veille, cette même metteure en scène avait demandé à une autre comédienne d’utiliser un appui psycho-corporel moins visible que son accent toulousain.
Comme je n’ai pas été entièrement convaincue par la remarque je me demande si je dois suivre l’indication du rêve pour moi.
Je vais aller acheter du pain, le journal, je dois toucher un arbre, faire un sourire, tourner mes yeux vers l’extérieur, sortir mes oreilles au dehors ; je dois sentir sous mes doigts l’herbe, le crépis, peut-être que je pourrais toucher quelqu’un, peut-être que quelqu’un me laissera toucher sa peau, sa barbe, sa chemise.
Dans les rêves on ne revient pas cent fois sur sa culpabilité, on ne reste pas assis des plombes sur une chaise à imaginer ce qu’on aurait fait si/ce qu’on aurait du, on ne ressasse pas des souvenirs, on ne se reformule pas de plan de carrière. Tout est dehors.
Des personnages disent l’intuition d’hier, la maison prend feu, il y a des scènes avec des voitures trop petites et des gens qui sont là tout d’un coup.
Je me demande si dans le rêve-monde je peux agir à ma guise.
Séduire une barbe, transformer un plateau de théâtre en partenaire, envoyer des signaux pour pénétrer des lieux inédits.
Il faut me remplir la tête d’une case, déchiffrer l’alphabet ville, je vais acheter le pain, le journal.